Transcription des notes d'A. Troublé
 
Animalélé
- Funambulus columbimpsis -
mâle - 7 ans
capture : Calabar, Nigéria - 1864
décès : Barlin, France - 3 janvier 1866


Classe  Mammiptères
Ordre  Ptérongeurs
Famille  Ptérosciuridés (écureuils ailés)
Tribu   Funambulini
Genre  Funambulus
Espèce  Funambulus columbimpsis
Nom commun  Animalélé


Sorte de grand écureuil ailé au pelage gris-roussâtre et au plumage gris perle frangé de noir. Taille debout : 45 centimètres.

L'animalélé peuple l'ensemble des forêts semi-primitives d'Afrique.
Arboricole, solitaire, romanicheur, il va de nid en nid.
Peu craintif, il quitte parfois la forêt et s'aventure jusqu'aux abords des villages, mû par une naïve curiosité. Il m'a été conté que les enfants indigènes font volontiers un compagnon de jeux de cet écurieux animal au tempérament très doux et pacifique, docile mais non domesticable.

Essentiellement plantigrade et frugivore, à l'occasion insectivore. Proie des fauves, des grands singes et, de plus en plus, cible des chasseurs qui briguent sa fourrure et non sa chair, réputée non comestible.

L'animalélé a la faculté de se déplacer en marchant ou en volant.
Son vol s'effectue verticalement par glissements et soubresauts à flanc de tronc d'arbre, grâce aux vibrations de ses ailes.
Longévité : jusqu'à vingt-deux ans. Il acquiert sa taille définitive vers l'âge de cinq ans. Les ailes, atrophiées dans la première phase de son existence, sont appelées à se déployer au fil d'une lente croissance, qui dure une douzaine d'années. Par conséquent, seuls les individus atteignant l'âge de dix-sept ans sont capables d'un vol en tant que tel - mais toujours vertical.

Rien ne distingue le mâle de la femelle.
L'accouplement a lieu dans les arbres et peut durer plus d'une heure. Le mâle s'agrippe en voletant au dos de la femelle. Ainsi envoyée en l'air, elle s'accroche à une branche et s'y balance sous les assauts-secousses du mâle, dans la position dite du funambule. Parfois, le couple effectue le tour complet de la branche.
Espèce ovovivipare, qui engendre un unique individu tous les deux ans, alternativement mâle et femelle.

Espèce menacée.

L'animalélé mousseronne : il pousse de longs "mion" et des "miarrh" pendant les ébats.

Additif : éléments de mythologie locale animimiste
À l'approche de la mort, les animalélés s'envoleraient jusqu'aux nues, et y disparaitraient. Du haut de ce cimetière céleste invisible, ils veilleraient dit-on sur la forêt.


Note des troublologues

Comme en témoignent son journal et les dates portées sur l'étiquette taxinomique, Amédée Troublé a ramené d'Afrique un spécimen vivant d'animalélé.
Notre professeur souhaitait, du point de vue scientifique, en faire une preuve de ses théories évolutionnistes, puisqu'il s'agit ici d'un individu issu d'une classe tenant à la fois des mammifères et des oiseaux, baptisée par lui classe des mammiptères (mammi- pour mammelles, -ptère pour ailes).

Il désirait également éprouver la légende qui lui a été relatée lors de son voyage, légende selon laquelle l'animal sentant venir la fin se propulse à la verticale dans le ciel.

Malheureusement, le specimen "adoptif" n'aura résisté que quelques mois au climat et à la captivité. Profondément meurtri et rongé par le remords, Amédée Troublé, bien des années plus tard, s'ingéniera à redonner mouvement à cet animal, comme pour le rendre à ses terres et ses airs d'Afrique.