Classe Mammiptères
Ordre Ptérongeurs
Famille Ptérosciuridés (écureuils ailés)
Tribu Funambulini
Genre Funambulus
Espèce Funambulus columbimpsis
Nom commun Animalélé
Sorte de grand
écureuil ailé au pelage gris-roussâtre et au plumage
gris perle frangé de noir. Taille debout : 45 centimètres.
L'animalélé peuple l'ensemble des forêts semi-primitives
d'Afrique.
Arboricole, solitaire, romanicheur, il va de nid en nid.
Peu craintif, il quitte parfois la forêt et s'aventure jusqu'aux
abords des villages, mû par une naïve curiosité. Il m'a
été conté que les enfants indigènes font volontiers
un compagnon de jeux de cet écurieux animal au tempérament
très doux et pacifique, docile mais non domesticable.
Essentiellement plantigrade et frugivore, à l'occasion insectivore. Proie des fauves, des grands singes et, de plus en plus, cible des chasseurs qui briguent sa fourrure et non sa chair, réputée non comestible.
L'animalélé
a la faculté de se déplacer en marchant ou en volant.
Son vol s'effectue verticalement par glissements et soubresauts à
flanc de tronc d'arbre, grâce aux vibrations de ses ailes.
Longévité : jusqu'à vingt-deux ans. Il acquiert
sa taille définitive vers l'âge de cinq ans. Les ailes, atrophiées
dans la première phase de son existence, sont appelées à
se déployer au fil d'une lente croissance, qui dure une douzaine
d'années. Par conséquent, seuls les individus atteignant
l'âge de dix-sept ans sont capables d'un vol en tant que tel - mais
toujours vertical.
Rien ne distingue le mâle de la femelle.
L'accouplement a lieu dans les arbres et peut durer plus d'une heure.
Le mâle s'agrippe en voletant au dos de la femelle. Ainsi envoyée
en l'air, elle s'accroche à une branche et s'y balance sous les
assauts-secousses du mâle, dans la position dite du funambule. Parfois,
le couple effectue le tour complet de la branche.
Espèce ovovivipare, qui engendre un unique individu tous les
deux ans, alternativement mâle et femelle.
Espèce menacée.
L'animalélé mousseronne : il pousse de longs "mion" et des "miarrh" pendant les ébats.
Additif : éléments de mythologie locale animimiste
À l'approche de la mort, les animalélés s'envoleraient
jusqu'aux nues, et y disparaitraient. Du haut de ce cimetière céleste
invisible, ils veilleraient dit-on sur la forêt.
Comme en témoignent son journal et les dates portées sur
l'étiquette taxinomique, Amédée Troublé a ramené
d'Afrique un spécimen vivant d'animalélé.
Notre professeur souhaitait, du point de vue scientifique, en faire
une preuve de ses théories évolutionnistes, puisqu'il s'agit
ici d'un individu issu d'une classe tenant à la fois des mammifères
et des oiseaux, baptisée par lui classe des mammiptères (mammi-
pour mammelles, -ptère pour ailes).
Il désirait également éprouver la légende qui lui a été relatée lors de son voyage, légende selon laquelle l'animal sentant venir la fin se propulse à la verticale dans le ciel.
Malheureusement, le specimen "adoptif" n'aura résisté
que quelques mois au climat et à la captivité. Profondément
meurtri et rongé par le remords, Amédée Troublé,
bien des années plus tard, s'ingéniera à redonner
mouvement à cet animal, comme pour le rendre à ses terres
et ses airs d'Afrique.